RÉFLEXION SUR LES
SITUATIONS DE FRAGILITÉ
« Selon vous, nous pouvons être en situation
de fragilité quand nous sommes… »
Dans le cadre du projet, nous nous intéressons aux situations de fragilité.
Nous les avons défini comme des situations dans lesquelles une personne présente un risque particulier de « rupture de la participation active, autonome et citoyenne à la vie sociale ».
Nous pouvons citer comme rupture :
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Une rupture forcée de la participation à la vie sociale (comme dans le cas de personnes en situation d’exclusion de l’habitat classique, ou encore de personnes placées dans des « institutions totales » (Goffman, 1961) c’est-à-dire, où la vie est entièrement planifiée et règlementée (prisons, asiles, centres de désintoxication);
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Une rupture de la possibilité (physique ou mentale) de participer de manière autonome à la vie sociale (personnes âgées dépendantes, handicaps lourds);
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Une rupture de la volonté d’avoir un rôle actif dans la vie sociale (dépressions);
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Une rupture de citoyenneté de l’approche de la vie sociale (personnes qui basculent dans la délinquance ou la criminalité, de personnes qui en viennent à privilégier des règles de vie communautaires aux règles de vie sociétales, etc.).
De nombreux types de perturbations extérieures ponctuelles peuvent entrainer une rupture de la participation active, autonome et citoyenne à la vie sociale.
Sans chercher à en dresser une liste exhaustive, on peut cependant citer le cas de :
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Traumatismes physiques susceptibles d’altérer l’autonomie (ex : accident, blessure, maladie, etc.);
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Chocs émotionnels susceptibles d’altérer l’envie de participer activement à la vie sociale (ex : perte d’un proche, déception sentimentale, agression, etc.);
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Problèmes économiques ou financiers susceptibles de limiter l’autonomie et les opportunités d’activité sociale (ex: perte d’emploi, baisse de salaire, dépense imprévue, sanction financière, etc.);
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Sentiment d’injustice institutionnelle susceptible d’altérer l’envie de participer de manière citoyenne à la vie sociale (ex : injustice non sanctionnée, discrimination subie, exclusion injustifiée, etc.)
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Migrations ou changements majeurs de mode de vie susceptibles de modifier sensiblement le réseau quotidien de relations sociales (ex: changement de région, immigration, réorientation professionnelle, incarcération, etc.).
Soulignons qu’aucun de ces types d’évènements n’entraine nécessairement une rupture de la participation active autonome et citoyenne à la vie sociale, mais que chacun peut cependant en être un élément déclencheur.
Dans la genèse de nos réflexions, le projet avait interrogé à maintes reprises la notion de « fragilités excluantes », d’intensification des fragilités, et d’apprentissage à la fragilité afin qu’elle devienne des « fragilités apprenantes ».
Il avait alors été conclu que les fragilités sont considérées comme notre bien commun : on peut être fragile par essence, on peut être tour à tour fort et fragile. Ces forces et ces fragilités se déplacent au sein d’une même personne, d’une communauté, d’une société.
Inclure les fragilités, initier des fragilités apprenantes et non excluantes revient alors à considérer celles-ci comme source d’apprentissage différenciant, comme bouleversement de codes sociaux, comme partage de nouveaux savoirs.
La thématique du projet LISOHASIF 2030 invite à se pencher sur la notion de « fragilité » et sur la manière dont elle est étudiée dans différentes disciplines où elle constitue un champ d’étude à part entière.
En effet, la notion de « fragilité » est étudiée dans des disciplines aussi diverses que la gérontologie, l’épidémiologie, l’ethnologie, la psychologie,l’écologie, ou encore les sciences des matériaux.